mardi 10 novembre 2009

Sur l'amour et la mort, Patrick Süskind

Federico Cervelli 1625-1700, Orphée et Eurydice
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Mot de l'éditeur: "Comment l'amour qui nous abêtit, et qui est potentiellement capable de faire de nous des brutes, peut-il être ressenti et désigné comme le bonheur suprême? L'amour n'est-il qu'une maladie, et non la plus belle, mais la plus terrible qui soit? Ou bien est-il un poison dont le dosage décide s'il est bénéfique ou dévastateur? Au secours, Socrate, au secours!" C'est bien l'amour et son funeste double, la mort, que l'auteur du Parfum a choisi d'embrasser ici dans un même mouvement d'humour et d'audace. L'essayiste en appelle à Goethe, Wagner ou Stendhal, compare les destins d'Orphée et de Jésus qui, tous deux, ont tenté de vaincre la mort au nom de l'amour. Mais c'est surtout le romancier que l'on retrouve avec bonheur dans ce bref essai, lui qui sait, mieux que personne, brosser en quelques lignes des saynètes cocasses et bouleversantes.
Patrick Süskind est né en 1949 à Ambach, en Bavière. Outre Le Parfum, best-seller mondial, il est l'auteur, entre autres, de La Contrebasse, Le Pigeon, Un combat et autres récits.
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Extrait
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Goethe à l'âge de 70 ans
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Au vivant je veux rendre hommage
Qui dans les flammes veut mourir.
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Goethe utilise comme métaphore une image qui l'a fasciné toute sa vie, celle du papillon de nuit irrésistiblement attiré par une flamme et qui s'y précipite pour y mourir. Et il place cette métaphore au centre d'un tableau obscur et séduisant, plein de connotations hautement érotiques:
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Dans la fraîche nuit amoureuse
Où tu fus crée, puis créas,
Quelle ardeur t'entraîne, anxieuse,
Vers la flamme qui luit là-bas?
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Tu ne restes plus dans l'enceinte
De ces ténèbres sans rayons,
Tu vas cherchant la neuve étreinte
D'une plus exaltante union.
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Nulle distance ne t'entrave.
Par la lumière obnubilé,
Tu voles, d'elle seule esclave:
Papillon, te voilà brûlé.
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Et dans la dernière strophe, qui en dépit de l'avertissement initial de l'auteur, est devenue si populaire qu'elle figure dans tous les recueils de citation, il est décrété:
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Mais tant que tu n'as pour devise
Ce mot d'ordre: "Meurs et deviens!"
Tu ne seras qu'une ombre grise
Sur cette terre où tu te tiens.

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Goethe, Nostalgie Divine, Divan occidental-oriental

4 commentaires:

  1. Le sujet est passionnant.
    Je ne sais pas si je suis d'accord avec toutes ces analyses mais la discussion vaut le détour.
    merci chère Kenza.
    Je penserais à toi vendredi, je vais à l'expo Renoir avec conférence avant. J'avais repéré l'évènement chez toi.
    Je t'embrasse.

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  2. Morgan m'a offert Le parfum dans le cadre du swap Paris. Je ne l'ai pas encore lu. La couverture est belle et rappelle un tableau.
    Je te remercie pour ton offre de me prêter Trois femmes puissantes, j'accepte mais dans quelques temps car j'héberge pour l'instant dans livres d'autres bloggueuses et je ne voudrais pas bloquer le livre trop longtemps chez moi.

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  3. Ma chérie, je pense avoir le temps, ces jours-ci de lire le livre de Jean-Baptiste Del Amo, sais-tu que la description qu'il fait de Paris me rappelle,par son aspect crû, celle de Patrick Süskind dans le Parfum...
    Je prends bonne note de ce nouvel essai, et de cette image que Goethe nous illustre du Papillon de nuit... Au risque de nous brûler, l'amour en vaut la peine...

    Mille doux baisers, ma Belle et douce Kenza...

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard