mercredi 7 novembre 2012

L'Ombre d'un homme, Bénédicte des Mazery

« Là où des êtres humains sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. »

Quatrième de couverture
  Alfred Vigneux n'a jamais oublié Charlotte et lorsque, à l'occasion de la réfection de son immeuble, il exhume de la cave les documents paternels, son passé lui revient de plein fouet. Le vieillard solitaire, à l'existence jusqu'ici monotone et recluse, décide alors de réécrire l'histoire à sa façon.
  Adèle, son mari et leur jeune fils, Léo, se voient ainsi proposer un étrange échange: la jouissance d'un appartement dont le vieil homme est propriétaire contre sa présence à dîner, chaque soir. La famille, qui vit pauvrement, accepte et emménage dans l'immeuble. Très vite, cependant, le jeune Léo comprend qu'ils n'ont pas été choisis au hasard.

Un roman qui mêle la petite histoire à la grande, celle de ces hommes et de ces femmes secrètement placés dans des camps de travail en plein cœur de Paris, en 1943, et dont le sort reste souvent méconnu.

L'Ombre d'un homme est le quatrième roman de Bénédicte des Mazery

Extrait
  Sous la douleur, Alfred se mordit les lèvres. Durant quelques secondes, il tenta en vain de se libérer, mais la pression était si forte que, malgré lui, ses yeux s'embuèrent. Puis, dans son dos, un bruit léger, si léger qu'on aurait dit un soupir, le fit se retourner. Charlotte descendait l'escalier en silence, sa main blanche glissant lentement le long de la rampe jusqu'à la courbe de l'étage,  jusqu'à ce tournant où elle disparut sans bruit, comme engloutie.
  Son père le projeta dans l'appartement et claqua la porte derrière eux.

  Soixante-huit ans plus tard, le vieil homme se laisse alors aller à ce qu'il ne s'est jamais autorisé durant toutes ces années: il pleure. Sans retenue. Il pleure sur le souvenir de la silhouette légère glissant de marche en marche à la façon d'une apparition. Il pleure pour l'immense chagrin sous lequel les frêles épaules se sont affaissées devant lui. Il pleure enfin sur sa lâcheté et son abjecte soumission, réitérée d'année en année, toujours plus profonde.
  Ce jour-là, il avait vu Charlotte pour la dernière fois.

1 commentaire:

  1. « Là où des êtres humains sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. »
    Triste constat !
    Bonjour Kenza
    tu m'as donné l'envie de lire ce livre!
    Merci.

    Bise- cath

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«Trois opérations : Voir, opération de l’œil. Observer, opération de l’esprit. Contempler, opération de l’âme. Quiconque arrive à cette troisième opération entre dans le domaine de l’art.» Emile Bernard